Scoutisme de Baden-Powell |
« Dans chaque garçon, il y a au moins 5% de bon.
À vous de le découvrir et de l'épanouir jusqu'à 90 ou 95% »
Baden-Powell
Tout comme tes deux galons blancs qui représentent ton rang, ta mission est double :
Tu es chef de patrouille. C'est-à-dire que tu tiens, en tes mains, des esprits, des coeurs, des vies, des âmes.
Tes possibilités sont immenses. Aussi apprends à connaître ta mission. Tu es fier de faire, de 6, 7 ou 8 garçons, des scouts. Tu as raison. Mais prends garde! Si tu n'étais pas ce que tu dois être, il y aurait peut-être parmi tes gars, l'un ou l'autre qui ne serait jamais un scout. Peut-être tous!
Tu auras beau être un chic type, un calé en technique, un collectionneur de badges, si tu n'es pas un vrai chef, qu'est-tu devant ta patrouille? Tu dois donc être un meneur de patrouille.
Quand Baden-Powell inventa le système des patrouilles, il eut surtout le désir de donner de grandes responsabilités aux chefs de patrouilles.
Toute la patrouille repose donc sur ta formation personnelle. Il s'agit pour toi d'accumuler des richesses et des forces dans ta tête, dans tes doigts, dans tes yeux, dans ton âme, non pour en tirer vanité, mais pour les distribuer à tes frères de la patrouille.
Responsable de toi-même en tant que scout et en tant que chef de patrouille, d'autant plus que 6, 7 ou 8 regards t'épient, t'examinent, mettent ton caractère à nu, te connaissent mieux que tu ne te connais toi-même... et t'imitent.
Tout ce qui peut t'arriver : échec dans tes études, insuffisance technique, manque d'autorité, patrouille sans esprit, ... Tout cela dépendra de toi. Avoir de vouloir pour les autres, il faut vouloir pour soi.
Il est si aisé de dire « Je veux » à d'autres; mais combien plus difficile de le dire à soi-même. Tu t'échines à lancer tes scouts dans les activités d'éclaireur et à leur faire acquérir des badges et tu t'étonnes du peu d'entrain qu'ils y mettent : regarde-toi : c'est à peine si tu as ta seconde classe. Ta patrouille perd à tous les jeux. N'est-ce pas ta faute?
Le scout chargé du rapport de la réunion ne l'a pas fait; tu n'es pas content. Tu as raison. Mais pourquoi n'as-tu pas encore remis à ton celle telle ou telle liste qu'il te réclame depuis quinze jours? Tu te plains de tes scouts à la réunion, mais pourquoi à chaque Conseil des chefs arrives-tu dix minutes après les autres? Une patrouille arrive en retard à un rassemblement, c'est excusable; un CP en retard, cela ne doit pas arriver.
De tous ces exemples, il faut retenir trois idées :
Le chef n'est dans son rôle que s'il proclame non pas son bon plaisir, mais le bien collectif, et s'il agit non pas pour son intérêt privé, mais pour l'intérêt général.
Le vrai chef ne cherche pas à dominer pour dominer. Il ne se sert pas des hommes, mais il les aide à servir une cause qui les dépasse : c'est la hantise de l'oeuvre à accomplir qui est le premier élément de l'âme du chef.
Commander, c'est servir. Servir ceux que l'on commande, qui sans chef risqueraient d'être un troupeau sans berger. Servir la cause qui nous surpasse et mérite l'adhésion, l'obéissance et au besoin le sacrifice de soi.
En « servant » le bien commun, le chef donne à sa façon l'exemple de l'obéissance, et en plus, il fait apparaître nettement à tous les yeux ce qui légitime et exige l'obéissance : le bien commun demandé par la nature et par Dieu.
Commander, c'est servir. Le chef est au service de la communauté, mais cela ne veut pas dire qu'il doit être à ses ordre : ceux-ci ne sont trop souvent que l'expression de ses caprices ou de ses fantaisies, quand ils ne sont pas le fruit de suggestions étrangères plus ou moins intéressées.
On a raison de dire du chef qu'il doit être l'interprète du bien commun. Mais cela ne signifie pas qu'il doit être l'interprète de la volonté générale.
Le chef n'est pas un simple délégué de la communauté, mais son guide à la poursuite de ses fins les plus hautes. Même s'il est élu et désigné par ses pairs, l'autorité dont il est le dépositaire lui donne droit de commander sans qu'il ait à user chaque fois pour se faire obéir de persuasion et d'arguments personnels.
Un chef possède le sentiment de la responsabilité. Avoir le sentiment de responsabilité ne signifie pas qu'on s'attend à une punition si l'on ne fait pas son devoir - un vrai chef ne pense jamais aux sanctions qu'il pourrait encourir de la part de d'autres chefs, placés au-dessus de lui dans la hiérarchie. Mais ces hommes qui sont à lui, il ne veut pas qu'ils souffrent inutilement; il ne veut pas qu'ils soient injustement punis; il ne veut pas qu'ils soient privés du peu de confort qu'ils peuvent avoir. Il pense à tout, veille à tout. Il ne va pas manger ni se coucher si tout n'est pas en ordre. Il y a une chose à laquelle il ne pense pas, c'est sa propre fatigue. S'il n'est pas l'esclave de ses supérieurs, il est l'esclave du devoir de protection qu'il a vis-à-vis des siens. Ce sens du besoin des autres le rend souvent capable de travaux qui semblent au-dessus des forces humaines.
Le CP est un chef dans la troupe.
Le CP est à mettre sur le même pied d'égalité que le chef de troupe ou les assistants parce qu'il représente les intérêts de sa patrouille, donc de ses scouts. La troupe existe parce qu'il y a des patrouilles et non l'inverse. Chaque patrouille est indépendante de l'autre. La patrouille n'a pas besoin de la maîtrise pour faire ses réunions et activités. Les décisions communes aux patrouilles se prennent au Conseil des Chefs où seuls les chefs votent (CT et CP).
Le CP est le premier scout de sa patrouille.
Un jour, tu as levé les trois doigts et tu as fait ta promesse. Il y avait du soleil dans tes yeux et une grande flamme claire dans ton coeur.
Prends grade de ne pas dormir sur ta 2e classe et tes décorations de CP, comme si tes insignes te donnaient pour toujours un certificat d'héroïsme et de sainteté.
Continue à te former. Car il faut que chacun de tes scouts en te voyant, se dise : « Il faut que je sois comme mon CP pour devenir un chic scout! »
C'est toi qui passe devant, qui traces les grandes pistes.
Le CP a un second et des frères scouts.
Ta patrouille, ce n'est pas toi tout seul; ce n'est pas 7 ou 8 garçons; ce n'est pas une juxtaposition de 7 gars, d'un chef et d'un second. C'est l'union du chef de patrouille, du second et des garçons.
Le CP n'est pas seul. Il peut compter sur la maîtrise.
Il s'agit d'aider 6-7-8 garçons à devenir des scouts entiers, de futurs bons citoyens. Seul à cette besogne, tu perdrais courage. Aussi tu as des devoirs vis-à-vis tes chefs :
Le CP est fraternel et patient.
Tu es un grand frère. Ton affection pour eux doit être vraie, confiante et virile.
En chaque garçon il y a du bon, dit Baden-Powell, au moins 5%. Aime-le pour son âme que tu peux faire grandir. Aime-le aussi avec ses défauts, ses faiblesses, non pas pour cela, mais parce que tu peux guérir et sauver. Soyez frères, ni plus ni moins.
Et gare à l'ironie, à la moquerie. Ce n'est pas fraternel et la confiance se perd vite sur ces chemins-là. Ne joue pas avec les âmes.
Tout ce qui ne rend pas plus fort, plus énergique, plus vertueux, s'en défier. Tout ce qui n'est pas très droit, très franc, très pur, le bannir. Et cela dès qu'on voit que la piste est fatale.
L'amitié virile est celle où l'on s'encourage mutuellement à monter, à se perfectionner, où l'on parle surtout de devenir un vrai scout.
Le CP est toute joie et tout entrain.
Le soleil scout n'a pas d'éclipse.
Le CP ne crie jamais et agit pour huit.
Tu sais bien que chacun de tes garçons compte sur toi. Agis donc pour huit. Que tes actes laissent une trace claire. Ton but : faire faire en faisant avec eux.
Agis. Ta place dans la patrouille, au camp, en sortir, au local, au jeu, c'est au milieu de tes garçons, là où il y a la plus grosse besogne à remplir. Apprends à être toujours au bon moment au bon endroit.
Tes scouts te copient et d'autres copieront les actes de tes scouts.
Préc.: Qu'est-ce qu'un chef? | Suiv.: Le rôle du CP |
Mis à jour / révisé le 21-04-2009
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