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 Scoutisme de Baden-Powell 

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La totémisation 

L'apparition des totems chez les scouts

Au départ, une constatation étonnante : Baden-Powell ne parle pas de totémisation. Il a cependant introduit le mot « totem » dans le vocabulaire scout pour désigner l'animal qui donne son nom à la patrouille (voir les traditions de patrouille). Il dessina par la suite un modèle de bâton-totem pour les louveteaux (mât d'honneur). Y a-t-il vu autre chose qu'un amusement utile pour créer un sentiment d'unité ou un terme commode?

Baden-Powell a proposé dans ses livres fondateurs des mythes comme thèmes d'activités et/ou comme exemples pour expliquer le sens du service, de l'observation, ... C'est ainsi qu'il parle de la chevalerie, de St-Georges, des Zoulous, des Indiens (Amérindiens), ... Ces idées et ces mythes ont pu mettre en avant des usages de type initiatiques, alors qu'à la base, ces thèmes servaient surtout pour égayer les veillées scoutes.

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Dès avant 1914, des chefs avaient utilisé les moeurs de certaines tribus comme thèmes de jeux, notamment les us et coutumes des Amérindiens d'Amérique. Ces usages, ou soi-disant usages, étaient largement connus grâce à la littérature pour jeunes. Les romans de Fenimore Cooper (« Le Dernier des Mohicans », « La Prairie », « Le Tueur de daims », « Bas de cuir », ...) et de beaucoup d'autres avaient éveillé chez les jeunes de cette époque le rêve des Peaux-Rouges. Seulement, ce Peau-Rouge de leurs rêves est celui du roman conventionnel et stéréotypé. On peut d'ailleurs se demander dans quelle mesure cela correspondait à la réalité, car les romans ne mettaient pas en lumière la culture, la civilisation, la structure sociale de ces peuples. Mais ne brisons pas trop les rêves de nos arrières grands-parents...

Comme Baden-Powell prône les danses autour du feu de camp, l'idée vint de mimer quelques scènes du Far West, d'exécuter une ronde plus ou moins iroquoise et, le jeu aidant, de décerner en guise de « nom de guerre » des sobriquets plus ou moins amusants souvent inspirés directement des romans pour jeunes : Flèche Rouge, Loup Bavard, Oeil d'Aigle, Visage de Pluie, Vieux Castor, Pingouin Tapageur, ... Rien que de très amusant! Remarquons que d'autres Mouvements de Jeunesse connurent aussi, dans leurs groupes, des sobriquets ou surnoms de ce type.

On a malheureusement vu aussi certains pousser à fond, après la guerre de 1914-18, ce mythe des « peuples primitifs », ce peau-rougisme bien souvent de pacotille. Cela a été parfois très loin, trop loin.

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Baden-Powell dut réagir :

« Quelques-uns s'imaginent que par « Woodcraft », on veut dire qu'il faut se costumer en Peaux-Rouges avec plumes, totem, wampum et autres paraphemaux. Mais ce n'est pas cela du tout. Par Woodcraft, nous entendons simplement la connaissance et la pratique du campisme, la vie dans les bois, l'étude de la nature », Headquarters Gazette, novembre 1919.

Le rédacteur de la même « Headquarters Gazette » y alla lui aussi de son couplet en mars 1920 :

« Je prétends qu'un garçon pour devenir un vrai scout, suivant l'idéal tracé par le Chef [Baden-Powell], n'a nullement besoin de recevoir un "nom". Il n'est pas indispensable qu'il s'appelle Tigre Bleu ou Loup Vert, ni qu'il porte une robe bigarrée au lieu de la chemise scoute et des plumes dans les cheveux... Rêver que vous êtes un scout me paraît contenir plus d'idéal et de romanesque, plus de pensées pratiques de dévouement et de bonheur que de rêver que vous êtes Peau-Rouge. »

Baden-Powell finit même par écarter totalement l'une ou l'autre personne qui confondait la pédagogie avec des mythes outrancièrement exploités, tel John Hargrave, auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème.

Une forte réaction vit le jour dans le scoutisme catholique français contre ces « déviations païennes ». Le résultat fut une autre déviation par l'exacerbation de la mythologie et de la mystique de la chevalerie occidentale. De cette époque, restent dans les groupes scouts quelques traditions (cérémonies de début de veillées, totem, cérémonial de totémisation, ...), quelques mots (totem, sachem, ...) et quelques chants.

Des rites d'initiation chez Baden-Powell ? ? ?

La totémisation est-elle un rite d'initiation?

Les rites tribaux d'initiation (au moment de la puberté le plus souvent) sont complexes. On y trouve :

  1. Des rites liés au développement de la sexualité des adolescents, ce qui n'a rien à voir avec notre type de civilisation et d'éducation;
  2. Des rites liés, dans certains peuples, à la circoncision des garçons ou à l'excision ou à l'infibulation des filles, choses qui n'ont rien à voir dans notre type de civilisation;
  3. Des épreuves où les candidats doivent montrer leur courage en subissant diverses tortures, pratiques qui n'ont rien à voir dans notre type de civilisation;
  4. Des rites au cours desquels les candidats sont astreints à être piqués par certaines fourmis, ce qui semblerait bien être une forme primitive de « vaccination ». Rien à voir chez nous non plus;
  5. Des épreuves qui ont montré au candidat ce dont il est capable dans les activités vitales pour la tribu (chasse, pêche, etc.). Quand Baden-Powell parle de rite d'initiation, c'est dans ce dernier sens qu'il le fait. Et encore est-ce pour montrer, par exemple, qu'il est indispensable de bien connaître la nature et de vivre au grand air... Cela peut-il avoir un rapport avec les totems et la totémisation?

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Un nom particulier dans le groupe

On retrouve dans toutes les civilisations l'importance du nom donné aux personnes et le changement de nom quand les gens changent de situation :

  1. Durant l'enfance;
  2. Comme jeune adulte (l'adolescence n'existait pas chez eux);
  3. Comme guerrier confirmé.

C'était le cas pour éviter la confusion des prénoms au Moyen-Âge. Mais songeons que Cicéron signifie « Verrue », que César signifie « le tueur » (ou le chauve, selon les versions).

De même, les membres de sociétés « secrètes » ont des « noms de guerre ».
Il s'agit chaque fois de noms ayant un « sens » pour le groupe.

Il n'est pas idiot que chaque scout ait un nom particulier, à condition que cela signifie quelque chose de positif pour lui, que cela lui permette de faire sien le groupe dans lequel il vit, que cela lui permette de s'y intégrer vraiment!

Bon, à présent que les pendules ont été remis à l'heure, par ici la tote!

Préc.: Origine de la totémisation

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Mis à jour / révisé le 10-02-2009
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