Scoutisme de Baden-Powell |
Baden-Powell raconte cette histoire dans son livre « Éclaireur »
Un meurtre cruel eut lieu il y a bien des années dans le nord de l'Angleterre, et l'assassin fut pris, jugé et pendu, grâce à l'esprit d'observation d'un petit berger.
Ce jeune garçon, Robert Hindmarsh, était dans les bruyères avec ses moutons et cherchait son chemin pour rentrer chez lui à travers une région solitaire de la campagne, quand il passa devant un vagabond qui mangeait un morceau, assis par terre les jambes étendues.
Le berger en passant remarqua son aspect et spécialement de curieux clous à la semelle de ses souliers. Il ne s'arrêta pas à le regarder, mais fit ses remarques d'un seul coup d'oeil sans attirer beaucoup l'attention de l'homme qui ne vit en lui qu'un petit garçon sans conséquences.
Rentré chez lui, à huit ou dix kilomètres de là, il trouve un attroupement autour d'une maison où l'on venait de découvrir le cadavre d'une vielle femme qui y habitait : elle avait été assassinée. On faisait toutes sortes de conjonctures sur l'auteur de ce meurtre, et les soupçons paraissaient se concentrer sur un petit groupe de bohémiens qui parcouraient le pays en maraudant et en menaçant de mort tous ceux qui se plaindraient.
L'enfant entendit tout cela, mais tout à coup il remarqua dans le petit jardin de la maison de curieuses empreintes de pas : les traces des clous correspondaient à ce qu'il avait vu des souliers de l'homme de la bruyère, et il en déduisit naturellement que celui-ci pourrait bien avoir quelque part au meurtre.
Le fait que la victime était une pauvre vielle excita l'esprit chevaleresque du jeune garçon contre le meurtrier quel qu'il fût.
Aussi, quoiqu'il sût que les amis de l'assassin pouvaient le tuer s'il disait quelque chose, il alla droit au commissaire, lui parla des empreintes du jardin et lui apprit où il trouverait l'homme qui les avait faites - à condition d'y aller tout de suite.
L'homme de la bruyère s'était transporté si loin du théâtre de son crime sans avoir été vu par personne (sauf par ce petit garçon), qu'il se croyait en sûreté. Il ne pensait pas que cet enfant pourrait aller jusque là-bas et revenir, comme il fit, avec la police. Il ne prenait pas de précautions.
Mais le petit berger était fort et en bonne santé, il marchait vite et bien; on trouva l'homme et on s'en saisit sans difficultés. Il s'appelait Willie Winter.
Il fut jugé, reconnu coupable et pendu à Newcastle. Son corps fut ensuite amené près du lieu du crime et exposé à un gibet que l'on voit encore aujourd'hui. Deux des bohémiens, ses complices, furent trouvés en possession du fruit de ses larcins. Ils furent également exécutés1.
Mais quand le jeune homme vit le corps du meurtrier pendu au gibet, il se sentit tout triste d'avoir causé la mort d'un de ses semblables.
Pourtant le magistrat le fit venir et le félicita d'avoir rendu à ses concitoyens un si grand service - d'avoir probablement sauvé quelques vies - en débarrassant le monde d'un criminel si dangereux.
Il lui dit : « Vous avez fait votre devoir, quand même cela vou faisait courir quelque danger et vous jetait dans un grand trouble. Peu importe, c'était votre devoir envers le pays, d'aider la police à retrouver le coupable; et il faut toujours faire son devoir, quoi qu'il en coûte, dût-on pour cela donner sa vie. »
Ainsi ce jeune berger remplit tous les devoirs d'un Éclaireur, sans qu'on les lui eût enseignés : il fit preuve de connaissance des lieux, d'observation adroite, de déduction, d'esprit chevaleresque, de sens de devoir, d'endurance et de bonté d'âme.
Il ne pensait pas que cette action toute spontanée servirait, bien des années plus tard, d'exemple à d'autres jeunes garçons. De même vous vous rappellerez que vos actes peuvent être observés par d'autres après vous et servir d'exemple. Ainsi efforcez-vous de faire votre devoir en toute occasion.
Mis à jour / révisé le 17-11-2008
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