Scoutisme de Baden-Powell |
Un jour, la patrouille du cerf partit en expédition. C'était une fière patrouille. Elle n'en craignait guère. Le chef de troupe lui avait confié une mission difficile : aller reconnaître si une certaine petite route permettait d'atteindre une colline où il s'agissait de camper. La colline était loin et la route hasardeuse. Aussi le chef s'était-il adressé aux cerfs, car il savait leur valeur. Parmi ses membres, un novice nommé Jean-Pierre. Celui-ci ne savait rien encore de la vie de patrouille.
Muni d'une charrette bien remplie de matériel et de victuailles, la patrouille partit un matin et couvrit une longue route. De sorte qu'au soir, elle arriva dans une région tout à fait sauvage et inconnue de Jean-Pierre. On s'enfonçait dans une gorge assez impressionnante au fond de laquelle coulait un torrent. Un petit emplacement pour camper s'étant révélé sur la gauche, le CP ordonna de stopper et de dresser le camp. Puis, il signifia à Jean-Pierre d'aller aider le cuisinier.
Mais Jean-Pierre avait, avant le départ, bourré ses poches de chocolat et de bonbons. Il n'avait donc pas très faim et d'ailleurs, son repas étant assuré, il ne trouva que désagrément à aider le cuisinier. Il manifesta toute la mauvaise grâce possible, prétexta qu'il était fatigué, etc...
Tant et si bien que le CP, qui savait à quoi s'en tenir, finit par lui dire : « Va te reposer, mais pour tes repas tu te débrouilleras tout seul désormais. » Jean-Pierre n'eut cure de cet avertissement, alla se coucher dans un coin pendant que chacun travaillait, et se gava de tout le chocolat qui lui restait. Puis, la patrouille soupa avec entrain d'un repas que Jean-Pierre avait méprisé.
Vint le lendemain matin, et Jean-Pierre commença à comprendre lorsque l'accès au petit déjeuner lui fut refusé. Cependant, il trouva encore quelques bonbons au fond de ses poches et il put calmer ainsi les tiraillements de son estomac.
La patrouille reprit sa route. L'étape était encore fatigante et Jean-Pierre se demandait, tout en peinant à la flèche de la charrette, ce qu'il adviendrait de lui pour le repas du midi. Il crut habile d'offrir ses services à son CP pour aider à la cuisine.
Mais le CP le remercia en disant qu'on lui épargnerait cette peine. Et pour son propre repas, il lui donna un morceau de viande, des nouilles et de quoi les accommoder. Il le pria d'aller dans un coin préparer son repas. Mais Jean-Pierre ne savait nullement comment faire et se trouva très embarrassé. De sorte qu'alors que toute la patrouille dégustait un succulent repas, il en était encore à essayer d'allumer du bois vert. Il arriva à manger un peu de viande crue, tout en regardant de loin les patrouillards très joyeux de l'étape accomplie. Lui était tout triste et son coeur était lourd.
Complètement affamé, il pu quand même faire la route du soir. Pour le souper, le CP lui offrit gracieusement trois oeufs frais pondu, quatre ou cinq pommes de terre et tout ce qu'il fallait pour transformer ces matières premières en un repas réconfortant.
Alors Jean-Pierre capitula et demanda pardon. Et, lorsqu'il accéda à la table de patrouille de nouveau ouverte à son appétit, il avait compris que nous dépendons tous les uns des autres.
Aucun des patrouillards du cerf souquant sur l'attelage ne pouvait se flatter de faire seul avancer la charrette. Mais leurs efforts joints y parvenaient.
C'est une bonne image de la vie en communauté. Chacun doit faire de son mieux pour tenir sa place et tirer dans le même sens que tous les autres.
Voilà la première chose que la patrouille t'apprendra. Ce te sera utile toute ta vie, et surtout pour faire ton chemin.
Mis à jour / révisé le 19-11-2008
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