Scoutisme de Baden-Powell |
(Début - 1/2)
J.L.
On a dit si souvent d'un livre : « aucun père de famille, aucun homme de gouvernement ne peut l'ignorer », que ce n'est pas une remarque très originale de ma part de dire qu'aucun commissaire, aucun scoutmestre, aucun chef de patrouille ne peut se passer de ce livre : « Comment diriger une patrouille ».
Le système des patrouilles est la clef du succès en formation scoute, et ce petit livre montre pourquoi il en est ainsi et comment on doit mettre l'idée en pratique. J'espère qu'on la trouvera très utile et que chaque chef de patrouille fera tous ses efforts pour faire passer dans la pratique les idées qu'il renferme et faire ainsi que sa patrouille ne le cède à aucune autre.
Robert BADEN-POWELL
Octobre 1915
Voici un livre de conseils pratiques aux chefs de patrouilles et aux scoutmestres. La patrouille étant l'unité en scoutisme, qui sait faire marcher une patrouille saura faire marcher une troupe. D'où tout ce qui est de la patrouille s'applique avec force égale à la troupe. Mais la patrouille est l'unité. Une bonne patrouille est la première chose à laquelle il faut viser. En effet, nombre de scoutmestres seraient bien avisés de se contenter d'une seule patrouille jusqu'à ce qu'elle soit presque parfaite, et alors seulement, de monter jusqu'au chiffre de deux ou trois patrouilles.
Ce livre n'est pas destiné à remplacer ceux qui donnent l'enseignement pratique en scoutisme « Scouting for Boys » par exemple. Huit années ont passé depuis qu'il fut écrit, années de large expérience qui ont montré que le scoutisme peut être une des plus grandes forces d'éducation si on l'emploie efficiemment, sérieusement. Mais il est également sûr que le scoutisme peut dégénérer aisément en niaiserie pure d'une part, et en exercices mécanisés d'autre part.
L'auteur espère que ce petit livre aidera les chefs de patrouille et les scoutmestres à éviter quelques-uns des dangers d'un mauvais scoutisme, et à faire le meilleur usage possible de la grande idée que le Chef Scout a donné au monde.
John LEWIS
Westminster College, Cambridge, 1915
Chapitre premier
Tout le monde connaît le bon scout. On le rencontre dans les rues, sur les grand-routes, dans les ports de mer, en un mot, partout. Vous le reconnaissez du premier coup d'oeil à son uniforme élégant, sa figure joyeuse et à l'air de santé que lui donnent ses genoux nus, brunis par le hâle. Le bon scout a toujours la badge de première classe, il connaît son métier, c'est un vrai débrouillard qui se sert de ses connaissances en scoutisme et dont les badges indiquent réellement ce qu'il sait faire. Le bon scout a une allure alerte, un petit air d'homme d'affaires, et plus vous avez affaire à lui, plus vous l'aimez. Nulle pose, des réponses claires et intelligentes à toutes vos question; et prêt à l'instant à vous rendre service.
Et tout le monde connaît le scout relâché...
Or le but du scoutisme est de prendre votre garçon ordinaire, sans formation, ignorant, indiscipliné - mais en qui il y a de l'étoffe - et d'en faire un bon scout.
Le but du scoutisme n'est pas de mettre un garçon ordinaire en uniforme, puis de le laisser aller de la même allure négligente qu'il avait auparavant. Non, il faut qu'il soit changé, modelé, comme un petit ours bien léché, développé en un scout idéal. La troupe qui ne réussit pas à faire cela de ses recrues est une troupe ratée.
Le Mouvement Scout est si populaire qu'il y a danger de voir les garçons attirés par le plaisir qu'on y goûte, y entrer en foule et se trouver nombreux par rapport au nombre de scoutmestres et de chefs vraiment capables. Moins de scouts, moins de troupes, plus d'entrain et plus de capacité, tel est le vrai mot d'ordre de tout vrai chef.
Le succès ne dépend pas entièrement de l'entrain des chefs ou de leur compétence en scoutisme. Il dépend pour une très large part de l'emploi des bonnes méthodes dans la direction de leur Troupe. La méthode indiquée dans « Scouting for Boys » et admirablement expliquée dans le petit manuel de l'Honorable Roland Philipps est : « Le Système des Patrouilles ». Le système des patrouilles laisse à chaque patrouille une complète indépendance.
L'instruction en vue des badges de 1ère et 2e classes est donnée par le chef de patrouille aux réunions de patrouille. La réunion de patrouille se tient, si possible, à l'écart des autres membres de la troupe, sous l'autorité du chef de patrouille et non pas sous celle du scoutmestre. De même au camp, la patrouille est indépendante : elle campe à l'écart des autres patrouilles, fait sa popote à elle, accomplit ses propres exploits et agit entièrement suivant son initiative personnelle.
Ce système, en réalité, ne diminue pas l'ouvrage du scoutmestre, et ne supprime pas le loyalisme de la troupe. Le scoutmestre instruit ses chefs de patrouille; il les « entraîne » pendant plusieurs mois avant de les lancer à la troupe, et quand celle-ci est en plein exercice, il leur donne encore chaque année quinze jours d'entraînement spécial, pendant lesquels la troupe est en congé. Le scoutmestre préside la Cour d'Honneur hebdomadaire, réunion des chefs. C'est la Cour d'Honneur, qui gouverne la troupe; elle est composée des chefs, des chefs de patrouille et des seconds. Elle se réunit une fois par semaine avec un CP comme secrétaire. C'est là que se règlent toutes les affaires de la troupe; le scoutmestre laissant le plus possible à faire aux scouts.
Il est à peine besoin de dire que diriger une troupe suivant le système des patrouilles n'exclut pas les réunions de troupe, toutes patrouilles réunies. Il est clair qu'un CP qui n'a pas le coeur à l'ouvrage coulera vite sa patrouille avec ce système-là, car il n'y a personne pour s'occuper de ses scouts s'il ne le fait pas lui-même. D'autre part, l'occasion s'offre magnifique au garçon intelligent. Il a les mains libres; il peut travailler sa patrouille jusqu'à ce que chaque garçon soit un scout idéal; il peut inventer quelque travail spécial pour sa patrouille, tenir des camps de patrouille et avoir ses fêtes de patrouille. Une troupe composée de patrouilles de ce genre est une troupe suivant le coeur du chef; elle fait bon ouvrage.
Une troupe comme celle-là exige beaucoup de ses chefs de patrouille. Il est clair que beaucoup de scouts qui portent l'insigne de CP ne sont pas réellement capables de la chose. Le moyen d'en sortir est de passer un long temps à préparer soigneusement des CP avant de commencer et, après avoir commencé, de refuser d'admettre plus de garçons dans la troupe que n'en peuvent diriger vos CP. Si vous n'avez que deux CP et deux seconds, il est impossible de vous occuper de plus de douze recrues.
Une autre méthode d'entretenir la compétence des CP et de continuer leur formation est de tenir par district des conférences et des camps de CP, et de leur donner, chaque année, par le scoutmestre, une quinzaine de jours de cours spécial.
La patrouille isolée est obligée de se gouverner d'une façon indépendante. C'est une preuve de la valeur du système qu'il existe tant d'excellentes patrouilles isolées qui n'ont jamais eu de scoutmestre. Il est particulièrement important que les CP de patrouille isolée apprennent toutes les méthodes et tous les trucs possibles, puisqu'il n'y a personne pour les conseiller et pour corriger leurs erreurs.
Il est tout à fait possible à un scout intelligent de diriger une patrouille à lui seul, de la recruter, la former et continuer à la faire marcher. Il y a des scouts qui font cela et qui le font splendidement. N'importe qui peut le faire, pourvu qu'il ait de la trempe, de l'intelligence et qu'il soit décidé à aller jusqu'au bout.
Les chapitres qui suivent sont destinés à donner des conseils et des méthodes pratiques pour faire marcher une troupe suivant le systèmes des patrouilles.
Chapitre II
... Et comment la relancer. Car, souvent, le seul moyen de remettre les choses en ordre sera de licencier la patrouille ou la troupe, de dire aux garçons dans quelles conditions vous allez travailler, de leur dire, carrément que vous voulez du travail sérieux et pas des flemmards, et de recommencer.
La question du nombre
Un des plus gros dangers pour une patrouille est de compter trop de membres. S'il ne s'agit que d'une section pour l'exercice, cela n'a pas d'importance. Mais s'il s'agit d'une patrouille scoute c'est de tout importante au contraire. Six garçons est un nombre tout à fait suffisant, et il n'y a pas d'inconvénients à être moins nombreux.
Qu'est-ce qui est préférable : avoir huit scouts que vous ne pouvez former sérieusement, parce qu'ils sont trop, ou n'avoir que quatre types dégourdis avec qui vous pouvez faire du vrai travail? Ne craignez pas de maintenir à la fois la troupe et les patrouilles à effectifs plus élevés. Le meilleur moyen est de faire peur aux candidats. Dites bien haut que vous ne voulez pas de tire-au-flanc et que chez vous on travaille ferme. N'embêtez pas les garçons pour les faire entrer, attendez qu'ils vous embêtent pour être admis. Ayez une liste d'attente, et si après avoir été inscrit sur cette liste pendant un mois, le candidat a encore envie d'entrer, alors confiez-le à un de vos scouts et dites-lui de ne plus se représenter avant d'avoir appris tout ce qui est requis pour l'examen d'aspirant. Quand il reviendra, vous l'examinerez à fond, et s'il réussit, vous l'admettrez dans la patrouille avec le cérémonial réglementaire.
Encore un mot - dans l'autre sens. Si un garçon a envie d'entrer et persévère dans cette envie, admettez-le, quelque nul ou grossier qu'il vous paraisse. N'oubliez pas qu'une patrouille n'est pas composée de scouts tout faits, mais que d'enfants ordinaires, d'étoffe assez pauvre parfois, elle fait de bons scouts. Qu'on s'amuse si bien dans la patrouille et qu'elle soit si chic que tout le monde veuille y entrer, bien qu'on sache que vous travaillez dur. Enfin n'admettez jamais une recrue douteuse, tant que le reste de la patrouille n'est pas à la hauteur.
Et, même quand vous commencez, ne prenez pas deux aspirants tièdes et nuls en même temps; ne commencez, s'il le faut, qu'à deux, un ami et vous, et n'augmentez que lentement. Cinq scouts débrouillards peuvent manoeuvrer une recrue et l'améliorer, mais si vous n'êtes pas tous éveillés et capables, la recrue fera du tort à la patrouille et la patrouille ne lui fera pas de bien.
Avec des recrues surtout, ou lorsque vous relancez une patrouille, mais même quand vous êtes en plein exercice, repassez ce que j'appellerai le « bréviaire » du scout.
Son but est de rappeler à chaque garçon ce qu'est un scout. Le meilleur exposé en est contenu dans les douze premières pages du « Scoutisme pour les garçons ». Réunissez une patrouille ou vos recrues et demandez-leur ce qu'est le scoutisme. Peu importe qu'ils vous donnent des réponses assez fantaisistes aidez-les, demandez-leur les qualités exigées d'un explorateur, d'un marin, d'un pionnier; si vos interlocuteurs sont lents à trouver la réponse, suggérez-leur quelques-unes des situations dans lesquelles un pionnier a des chances de se trouver un jour ou l'autre. Il se perd dans les bois; que peut-il faire? Le voilà blessé par un lynx; qu'a-t-il besoin de savoir? Amenez ainsi vos garçons à être prêts à tous les accidents, qu'il faut qu'ils soient instruits en science scoute; qu'ils soient braves, sains et vigoureux, fidèles et joyeux. Rappelez alors à vos garçons que ce sont précisément là les choses qu'apprend un scout; et qu'ils ne doivent pas se donner de cesse qu'ils ne soient devenus de vrais pionniers; physiquement forts, débrouillards, plein d'entrain et sûrs, préparés à aider les autres et à se tirer d'affaire dans toutes les circonstances et toutes les difficultés.
Repassez fréquemment ce « bréviaire », afin que la patrouille comprenne bien que c'est pour quelque chose de précis qu'on prépare des badges et qu'on passe des examens (1).
Cet idéal auquel les scouts doivent atteindre, leur donnera du coeur et les entraînera; il donnera à la patrouille le véritable esprit scout. Avant le départ pour le camp et avant l'enrôlement des nouveaux, il est bon de s'en rafraîchir la mémoire, pour le faire mieux entrer.
Le pionnier ou l'explorateur doit : | Le scout | |
Être bon observateur; Cuire ses aliments; allumer du feu; Soigner ses blessures et celles des autres | Traquisme Examen de 2e classe 2e classe Badge de cuisinier 2e classe; 1ère classe Badge de secouriste | |
Avoir courage et persévérance; Bonne humeur dans les difficultés; Fidélité à ses compagnons; Aider les autres, grâce à tout ce qu'il sait. | Loi Scoute |
Enfin, tout comme le pionnier, toute sa formation est surtout nécessaire dans la vie de camp, de sorte que le scout est formé à presque tous les genres de « pionniérisme » y compris l'observation pratique de la Loi dans un camp scout.
Chapitre III
Nul n'est vraiment scout tant
qu'il n'a pas sa Badge de 1ère classe.
Pourquoi? Parce que c'est seulement alors qu'il a les connaissances et la formation d'un pionnier. L'objet des épreuves est de s'assurer que chaque scout passe cette formation pratique. On dira peut-être : à quoi bon savoir tout cela? Réponse : Soit que vous alliez en pays étranger, soit que vous restiez chez nous, ces connaissances en elles-mêmes vous seront utiles; mais ce qui est bien plus important, c'est que, de même que le pionnier déploie les meilleures qualités que puisse avoir un homme, ainsi le « boy-scout » est la meilleure sorte de « boy »; la meilleure pour n'importe quelle sorte de vie, ici ou aux colonies.
Il y a deux manières de préparer des examens. La première est de mélanger les patrouilles et d'établir un horaire réunissant telle soirée par semaine tous les scouts qui en sont au même point sur une matière donnée. Un horaire de ce type pourrait, par exemple, être comme suit :
Lundi 6.30 : Signalisme (2e classe) par le Scoutmestre
Mardi 6.30 : Secourisme (2e classe) Assistant de service
Mercredi 6.30 : Réunion de la Troupe Scoutmestre et Assistant de service
Ce tableau affiché au local porterait aussi le nom de tous les garçons convoqués pour tel ou tel jour. Cette méthode a l'inconvénient de rompre les patrouilles et de laisser la responsabilité de la formation et de l'instruction des patrouilles entre les mains des scoutmestres et assistants et non entre celles des scouts eux-mêmes. Or « le scoutisme n'est pas le gouvernement des garçons par les hommes, mais le gouvernement des garçons par les garçons ».
La seconde méthode consiste à travailler strictement par patrouille. Chaque patrouille a sa réunion séparée, soit dans la salle commune, le soir qui lui est assigné, soit le même soir que d'autres patrouilles, chacune occupant sa salle ou son coin dans la salle commune.
L'instructeur de la patrouille, c'est le chef de patrouille, son second ou n'importe quel membre de la patrouille. Bien entendu, le chef et son second connaissent tout jusqu'à l'examen de la 1ère classe, objet de leur formation spéciale. Les dirigeants de la patrouille, le chef et son second, ne font pas tout par eux-mêmes; tout scout qui est fort en une branche est immédiatement chargé d'en instruire un autre en cette matière. Enseigner est le meilleur moyen d'apprendre à fond.
Le secret du succès dans cette méthode, c'est d'établir soigneusement le plan de la soirée. C'est affaire au CP et au second, d'accord avec le scoutmestre. Le travail particulier de chaque scout doit être fixé, pour chaque réunion et inscrit au tableau.
En voici un spécimen :
PATROUILLE DES LOUPS Réunion de Patrouille au local, lundi à 20 heures | |||||
8h.-8h30 | |||||
INSTRUCTEUR | ÉLÈVES | MATIÈRES | |||
Le CP | Sc. Dupont Sc. Martel | Secourisme (1ère classe) | |||
Le second | Sc. Vermand Sc. Bernard | Signalisme (2e classe) | |||
Sc. Dubois | Sc. Charet | Boussole, points cardinaux | |||
8h30-8h45 | Jeux | ||||
8h45-9h15 | |||||
Le CP | Sc. Dubois Sc. Vermand | Morse | |||
Sc. Dupont | Le second | Cartographie | |||
Sc. Bernard | Sc. Charet Sc. Martel | Noeuds | |||
9h15-9h30 | Chants |
La seule règle à laquelle il faille tenir mordicus est celle-ci : Personne n'a le droit de se présenter à la réunion s'il n'est inscrit au tableau comme élève ou comme instructeur, et chacun doit suivre son horaire et rien autre.
Quelle que soit la méthode adoptée, la troupe ne devra jamais être réunie en bloc pour une leçon d'instruction. À moins d'avoir une armée d'instructeurs, cela n'engendre que confusion et désordre. Il y a place pour des réunions plénières de la troupe, mais le but de ces réunions ne doit pas être le travail des badges. Une séance de chants, une soirée de jeux et de causeries et un concours spécial, voilà des occasions de réunions générales de la troupe.
Le grand avantage de cette méthode de travail par patrouille n'est pas simplement sa plus grand efficacité comme méthode d'instruction, ni la meilleure discipline qui en résulte; son premier mérite c'est qu'elle fortifie l'esprit de la patrouille. En reportant la responsabilité sur les scouts eux-mêmes, elle atteint le but premier du scoutisme, elle fait des caractères. Elle renforce aussi les sentiments de camaraderie, et fait que les membres de la patrouille travaillent bien ensemble. En fait, si vous devez jamais arriver à faire marcher une patrouille toute seule, de telle sorte que vous puissiez la confier à son chef pour n'importe quel travail ou quel jeu, vous n'y parviendrez qu'en appliquant aux réunions de la semaine et à tout autre travail scout le système des patrouilles dans toute sa rigueur.
Chapitre IV
Si le travail ennuie, s'il y a tendance chez les scouts à s'amuser durant le temps de la leçon, c'est qu'il y a quelque chose de défectueux dans la méthode de l'instructeur.
Voici les quatre règles à suivre toujours :
Quelques exemples montreront comment appliquer ces règles.
1. - Scoutisme pratique
Ayez un mât de pavillon dans votre salle, ne fût-ce qu'un bambou. Hissez-y le drapeau national à l'envers avant la réunion (1) et observez si les nouveaux remarquent l'erreur. Là-dessus, donnez la leçon sur le drapeau.
Vous enseignez les noeuds : après chaque démonstration, mentionnez quelques usages du noeud appris (2). Dans tous vos exercices en plein air, arrangez-vous pour que vos scouts aient à utiliser les noeuds qu'ils connaissent. Par exemple, descendez un garçon par la fenêtre ou par une trappe à l'aide d'un noeud de chaise.
Aussitôt que vous avez deux scouts qui signalent convenablement, emmenez dehors ceux qui apprennent et faites-leur voir comme on envoie rapidement et soigneusement à grande distance des messages qui signifient quelque chose. Cela les encouragera.
Dès qu'on possède son alphabet sémaphore, sortez et commencez à envoyer des messages simples. Envoyez un message à tous les apprentis indiquant l'endroit où vous avez caché une bouteille de bière; celui qui lira le mieux, l'aura comme prix.
En scoutisme, exigez qu'on prenne tout au sérieux.
Déposez le blessé avec précautions; maniez-le avec douceur. Ne remuez pas un membre blessé plus qu'il n'est nécessaire absolument. En traitant une jambe cassée, veillez à ce que le membre soit étiré tout le temps qu'on place les attelles. Si ces détails sont négligés aux exercices, ils seront certainement oubliés quand un accident arrivera pour de bon.
Des accidents simulés doivent être représentés régulièrement. On peut, par exemple, choisir trois scouts pour faire la chose à fond, jusqu'en ses moindres détails, y compris la course pour aller chercher le médecin (bien entendu, il suffit de trouver la maison et de revenir). Quand l'accident est terminé, les autres scouts font la critique, et le scoutmestre émet son jugement sur l'intelligence et l'efficacité des soins donnés.
Ce ne sont là que quelques exemples pris au hasard. Le grand point est d'être pratique et intéressant et d'avoir toujours présent à l'esprit le bréviaire du scout. Passer des examens, c'est ce qui fait devenir « pionnier ».
2. - Concours
Un chapitre spécial sera réservé à cette question. Chaque patrouille doit avoir des concours entre ses membres et avec les autres patrouilles. Les concours de patrouille doivent avoir lieu une fois par mois et doivent embrasser toutes les matières du programme, depuis les noeuds jusqu'au relevé topographique requis pour la 1ère classe.
La patrouille victorieuse détiendrait pendant le mois un trophée, par exemple un petit fanion de soie ou autre objet de ce genre.
MODÈLE DE CONCOURS DE PATROUILLE
établi de manière à donner aux nouveaux eux-mêmes
de quoi réussir et s'intéresser
Ce modèle est très élémentaire; une troupe plus avancée aura un programme beaucoup plus difficile. Il est important de réserver quelques numéros bruyants pour la fin et d'avoir quelque chose pour les nouveaux.
Quand les scouts savent complètement leur métier, on peut jouer à l'intérieur et en plein air à une foule de jeux où ils trouvent à exercer les connaissances acquises (voir « Scouting games » de Baden-Powell).
Un bon jeu pour enseigner les noeuds, c'est après avoir donné à chacun un morceau de corde, de raconter une histoire (sauvetage, par exemple), où interviennent les différents noeuds. Au fur et à mesure qu'un noeud est nommé, chaque scout doit le faire.
Si le scoutisme est bien enseigné, de façon pratique, s'il est rendu vivant par des jeux et des concours, il ne doit pas y avoir de relâchement. S'il y en a, il faut le punir avec sévérité.
3. - La limite du temps
Chaque scout se verra fixer un délai, dans lequel il devra passer les diverses épreuves; ce délai sera plus long pour les uns que pour les autres. Si le scout, par suite de sa paresse, ne réussit pas l'examen, il sera exclu de toutes les réunions, excepté la classe d'instruction spéciale. Dans une bonne troupe, cela veut dire qu'il ne sera plus admis à la salle, au goûter de la patrouille, à la sortie hebdomadaire de l'après-midi, à toutes les réunions spéciales. S'il échoue une seconde fois, fixez-lui un second délai; s'il ne réussit pas la troisième fois, congédiez-le. Et ceci nous amène à traiter la question du « flemmard ».
Chapitre V
1. - Les tords sont peut-être de votre côté
L'instruction est peut-être donnée d'une façon monotone et ennuyeuse. Corrigez-vous (cf. Chap. IV).
Peut-être les scouts n'ont-ils pas d'occasion de se détendre. Essayez des chahuts organisés, des jeux bruyants; faites-les pousser des cris à leur aise.
Peut-être n'y a-t-il ni jeux, ni concours?
Peut-être êtes-vous en face d'un enfant qui a besoin d'être compris. Tâchez de découvrir par une enquête discrète s'il y a quelque chose qui vous échappe. Allez voir les parents du flemmard, s'il est absent; vous verrez peut-être pourquoi cela ne marche pas.
Avant d'essayer des moyens plus rigoureux, dites à un de vos bons scouts de devenir camarade avec votre flemmard, et de ne pas le lâcher pendant un mois ou deux, si mauvais soit-il.
Si aucun de ces remèdes ne réussit, alors.
2. - Les tords peuvent être du côté du flemmard
Il y a deux types principaux de flemmard. Le lourdaud qui « sèche » les réunions, qui est mal fagoté et qui ne veut pas travailler; et le type remuant et intenable qui peut apprendre rapidement quand il veut, mais qui généralement dépense toute son énergie et son esprit à faire le clown et à déranger les autres.
Il y a différentes manières de traiter les deux cas. Assurez-vous d'abord que c'est le scout qui est à blâmer et non votre méthode d'enseignement. Si l'enfant est sans excuse, essayez des moyens suivants :
Quand vous êtes forcé d'en venir à punir, tenez toujours votre parole. Ne soyez pas pressé de vous décider; réfléchissez bien d'avance, puis tenez-vous en à votre décision à tout prix. Que chaque enfant en entrant dans la troupe connaisse bien les conditions; faites-lui remarquer qu'il les accepte du fait même de son entrée; et n'admettez pas d'exception. Souvent la punition sévère d'un seul calmera toute la troupe et vous n'aurez jamais à recommencer. Que tous comprennent que vous voulez du travail sérieux et vous n'aurez point d'ennuis.
Le point important quand il s'agit de guérir le flemmard chahuteur, c'est que toute excuse doit lui être ôtée. Que le travail soit intéressant, absorbant. Qu'on ne soit jamais un instant sans rien faire, qu'il y ait un horaire fixant l'emploi de chaque seconde; qu'il y ait des moments fixés pour le vacarme et l'amusement comme pour le travail.
Dès le début, le nouveau doit apprendre qu'il lui faut obéir à son chef de patrouille, et le chef de patrouille ne doit pas faire une seule exception à cette règle, ou son autorité est coulée.
Les règles de la troupe, propreté de la personne, tenue de l'uniforme, ponctualité, paiement des cotisations, et autres bonnes habitudes sur lesquelles vous désirez insister, tout cela, ainsi qu'une discipline parfaite, vous pouvez l'obtenir si vous l'exigez rigoureusement dès le premier instant de l'entrée d'un garçon dans la patrouille. Si le chef de patrouille ferme les yeux sur une faute ou l'autre, le seul résultat sera que les manquements deviendront de plus en plus fréquents, et la discipline s'évanouira.
Le scoutmestre peut avoir l'occasion de prouver à la patrouille que le chef de patrouille doit être obéi. Un cas de désobéissance formelle, s'il s'en produit, doit être soumis à la Cour d'Honneur et le coupable doit être renvoyé.
Une mesure sévère de ce genre fera voir aux scouts qu'il faut prendre au sérieux les chefs de patrouille.
Il est très difficile de reformer une mauvaise patrouille ou une mauvaise troupe, à moins qu'un nouveau scoutmestre ne s'en charge, ou qu'un nouveau chef de patrouille soit nommé, et qu'on exige dès ce nouveau début l'observation rigoureuse du règlement.
L'important est de ne recommencer qu'avec un petit nombre de très bons scouts. En réorganisant, commencez par mettre à peu près tout le monde dehors, puis quand les quelques scouts que vous avez seront bien loyaux et bien disciplinés, laissez rentrer les éléments médiocres, un à la fois, et l'exemple des autres les façonnera petit à petit. Si vous en admettez deux ou trois d'un coup, le bon esprit, l'allure retrouvée se perdront à nouveau; les arrivants démonteront toute la troupe et briseront l'unité et la fidélité de l'ensemble.
Quand un scout entre dans une patrouille, faites-lui toujours promettre d'être fidèle à sa patrouille et à son chef de patrouille. Cet engagement est distinct de la Promesse qu'on fait en entrant dans la troupe.
Mis à jour / révisé le 20-02-2009
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